Sex’Ado

Sex’Ado, préfacé par Christian Spitz, reste dans le registre pédagogique.
Christian Spitz est plus connu sous le nom de « Doc ». De 1992 à 1998, il a animé une émission de radio sur Fun Radio, où les adolescents pouvaient parler librement de leurs problèmes personnels. L’amour et la sexualité étaient des thèmes récurrents.

La quatrième de couverture de Sex’Ado promet de dépasser le seul manuel d’éducation sexuelle en offrant un dialogue décontracté entre le « Doc », Christian Spitz, et un jeune homme prénommé Alexandre :

– Salut, c’est Alexandre !
– Salut Alex.
– Dis, c’est quoi Sex’Ado ?
– C’est le premier livre qui parle franchement de sexualité aux ados.
–……

Le texte aborde de façon simple et détaillée des aspects biologiques (par exemple « Les règles », ou « Devenir un homme »), des thèmes de prévention (« Choisir un contraceptif », « Sexualité et santé »), et des sujets plus personnels (le chapitre « Relations et sentiments » ).
Les règles (fonctionnement, effets sur le corps et comportements à suivre pendant cette période…) et l’apparition des caractères sexuels secondaires (taille des seins, pilosité…) sont largement expliqués, détaillés, voire même illustrés : dans Sex’Ado, des photos présentent les différentes protections hygiéniques existantes.

Dans le chapitre intitulé « Comprendre son corps » du documentaire Sex’Ado, par exemple, deux grands encadrés montrent la croissance en image du corps féminin et du corps masculin.
La présentation est similaire : quatre personnes ont été photographiées, vêtues d’un justaucorps pour les filles et d’un caleçon pour les garçons, chacune illustrant un âge (de 12 à 18 ans), du début de la puberté jusqu’à atteindre un corps d’adulte. Pour chaque étape, une légende indique les changements habituellement constatés (pour une fille de 14 ans, il est mentionné : « Quelques poils peuvent apparaître aux aisselles », « Les règles ont sans doute commencé » et « Les poils pubiens deviennent plus fournis et plus bouclés »). Il s’agit d’une approche biologique et informative de la puberté. De façon cohérente, l’iconographie évite tout ce qui pourrait détourner l’attention du propos : une même tenue pour tous, les têtes qui restent dans l’ombre et des corps sans autre signe distinctif que des stades différents de transformation.

Lorsqu’il s’agit de cataloguer les positions sexuelles, le même constat s’impose. La plupart des ouvrages ne s’aventurent pas plus loin que la position du missionnaire. Seuls les auteurs de Sex’Ado donnent plusieurs représentations du coït :

Les nombreuses positions se divisent en deux catégories : les partenaires peuvent être face à face ou l’un derrière l’autre. Dans le premier cas, ils peuvent se voir, se toucher et s’exciter mutuellement. (…) Les partenaires peuvent (…) être étendus sur le côté, assis ou debout. (…)
Si l’homme pénètre la femme par derrière, il lui est facile de stimuler ses seins et son clitoris.
Dans la position « en levrette », la femme se tient sur les mains et les genoux, l’homme s’agenouille derrière elle. Les partenaires peuvent aussi être debout ou étendus sur le côté.

Quant aux représentations visuelles qui montrent les corps dans leur intégrité pendant le coït, elles sont également peu nombreuses. Dans Sex’Ado un encadré présente deux positions, avec quelques conseils, ainsi que les avantages et inconvénients de chacune. Cette illustration réaliste des corps en action est la seule trouvée dans les ouvrages.

Dans Sex’Ado qui glisse une double page intitulée « Les préférences » dans le chapitre « Relations et sentiments ». Les auteurs de cet ouvrage rappellent que « les homosexuels ont une vie amoureuse et sexuelle comme tout le monde ». Cependant, le fait de circonscrire l’homosexualité dans un chapitre à part tend à accentuer le fossé créé entre les hétérosexuels et les homosexuels, avec la connotation négative que cela peut impliquer (même si ce n’est pas explicitement dit, le clivage entre la majorité assimilée à la normalité et l’homosexualité perçue comme « anormale » peut se ressentir dans ce type de structure).

Dans Sex’Ado, les auteurs évoquent même l’orgasme simultané !
En revanche, en dehors de l’orgasme, les ouvrages mettent peu en valeur le plaisir. Les caresses sont mentionnées sans plus de détails, en ne précisant pas les endroits du corps où les prodiguer. De même, les fantasmes sont évoqués dans certains ouvrages (un paragraphe de Sex’Ado) mais cela ne semble pas faire partie des sujets indispensables (le terme est souvent introuvable dans les index).

Dans Sex’Ado, qui fournit pourtant une illustration représentant le « pénis au repos » et le « pénis en érection », les auteurs ne mentionnent pas que le pénis durcit :
Au repos, le pénis est mou ; en érection, son volume augmente et il se dresse dans une position propice au coït.

Sex’Ado se démarque par son iconographie plus détaillée, qui donne une toute autre dimension à l’utilisation du préservatif. En effet, l’illustration proposée montre tout le bas-ventre de l’homme, avec une partie des cuisses. Le pénis est alors représenté dans son intégralité. Ce qui est intéressant dans cette image, outre ce que nous venons de souligner, est que ce n’est pas le jeune homme qui met le préservatif, mais une autre personne, comme le laisse supposer la position des mains. Dès lors, le lecteur a devant les yeux l’expression d’une sexualité qui est le résultat d’une interaction entre deux personnes, d’un partage, et non plus un simple geste technique.
Dans Sex’Ado, au chapitre « La grossesse – Devenir parents », il est indiqué que « l’adolescente enceinte peut choisir de garder le bébé » et que « même une très jeune fille est parfaitement capable de s’occuper d’un bébé et de lui apporter l’amour dont il a besoin ».
L’interruption volontaire de grossesse est également abordée ; ses modalités sont expliquées, de même que les conséquences psychologiques de ce choix. Ainsi, la jeune fille peut décider en toute connaissance de cause.

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