Sexo Ados

Catherine Solano, auteur de Sexo Ados, intervenante dans l’émission diffusée sur la Cinquième, « Le Journal de la santé au quotidien ».
Dans Sexo Ados, Catherine Solano commence par évoquer des questions comme « Pourquoi cela devient difficile de parler avec ses parents ? » ou « Faut-il demander à ses parents la permission de prendre la pilule ? » dans le chapitre sur les changements émotionnels. Elle n’aborde des questions plus intimes qu’après.
Ainsi, les complexes et le désir sexuel viennent après les considérations familiales.
Les ouvrages pour les adolescents qui débute leur vie sexuelle adoptent une démarche plus proche du lecteur. Sexo Ados, par exemple, se révélera certainement un meilleur soutien grâce à ses informations plus pratiques que biologiques. Dans le chapitre sur les maladies sexuellement transmissibles, l’auteur explique comment faire un test de dépistage :

Le test de dépistage est une prise de sang. Vous pouvez le faire dans un laboratoire d’analyse médicale. Si vous avez une ordonnance, il sera ensuite remboursé par la sécurité sociale. Il peut aussi se faire dans un centre de dépistage anonyme et gratuit. Pour avoir l’adresse d’un centre dans votre région, téléphonez à Sida info service au 0 800 840 800 (appel gratuit).

Dans son ouvrage Sexo Ados, Catherine Solano égrène « les pratiques courantes », à savoir : « la fellation », « le cunnilingus », « la position 69 », « les différentes positions de l’amour », « la sodomie », et aborde également la question de la « sexualité de groupe ». Ces pratiques sont absentes des ouvrages pour les adolescents qui commencent à découvrir la vie sexuelle ; elles ne sont que rarement détaillées pour les pratiquants plus actifs.
Dans Sexo Ados, où trois chapitres s’y intéressent aux cycles menstruels et aux protections hygiéniques

Dans Sexo Ados, l’auteur aborde le fonctionnement des organes sexuels masculins et féminins dans un même chapitre, intitulé « Les organes sexuels, ça marche comment ? ». Accompagnées de deux schémas en coupe des organes, les explications se démarquent de celles qui peuvent habituellement être lues dans les documentaires pour adolescents sur la sexualité. Au fil de l’énumération des organes, l’auteur donne des précisions pour susciter plus de sensations et provoquer le plaisir, comme le montrent les passages suivants, extraits de la description des organes masculins :

Outre sa fonction pour uriner, le pénis sert à faire l’amour, à procurer du plaisir et tient un peu le rôle d’une seringue qui injecte le sperme au fond du vagin lors d’un rapport sexuel. (…) Le gland est très sensible au plaisir, c’est l’endroit du corps de l’homme le plus réceptif à la volupté sexuelle. (…) Les zones sexuelles contiennent des capteurs de plaisir. On les appelle des corpuscules de volupté. Plus ils sont nombreux à un endroit et plus les caresses y sont agréables et excitantes. (…) [Le corps spongieux] peut être une zone de forte excitabilité car il est sensible aux caresses lentes et appuyées. Il réagit donc très différemment du gland qui, lui, est plutôt sensible aux caresses légères et rapides.

Au-delà des informations biologiques, Catherine Solano donne des indications importantes pour la découverte de la sexualité, que ce soit pour un jeune homme qui apprend à mieux connaître son corps et ses possibilités, ou que ce soit pour une jeune fille qui se trouve face à un système génital différent du sien.
La représentation des organes sexuels féminins est dans le même registre que celle que nous venons d’examiner. Chaque organe est abordé biologiquement, mais avec des indications sur les moyens d’accéder au plaisir, parfois même inattendues dans un documentaire pour adolescents :

Lors de l’excitation sexuelle, les petites lèvres gonflent et leur couleur fonce. Elles deviennent alors sensibles aux caresses car elles sont pourvues de corpuscules de volupté. (…) Le clitoris est extrêmement riche en corpuscules de volupté. La plupart des femmes ont facilement un orgasme provoqué par des caresses à cet endroit, bien plus que par les caresses à l’intérieur du vagin. (…) L’intérieur du vagin est un endroit peu sensible. On y trouve cependant une zone très connue : le point G. (…) L’utérus se contracte de manière rythmique au moment de l’orgasme, en phase avec les muscles du vagin et de l’anus. (…) Les muscles des trompes, eux aussi, peuvent se contracter lors de l’orgasme.

Les organes ne sont plus réduits, ici, à leur fonction biologique et la dimension mécanique de la sexualité est dépassée par une approche précise et concrète du plaisir sexuel.

Dans Sexo Ados, l’auteur décrit le déroulement possible de la première fois et lorsqu’elle en arrive à la pénétration, elle émet un avertissement :

Attention : le rapport sexuel, surtout pour une fille, ce n’est pas seulement la pénétration !
Pour un garçon, avoir fait l’amour, c’est avoir fait entrer son pénis dans le vagin d’une fille.
Or, pour une fille, une pénétration, c’est souvent juste une pénétration ! Elle a besoin de beaucoup plus que ça pour sentir qu’elle a vraiment fait l’amour. Les préliminaires sont donc réellement indispensables pour qu’elle soit heureuse de cette expérience.

Avec Sexo Ados, cet ouvrage est le seul à aborder sans détour les pratiques homosexuelles. Généralement, les ouvrages indiquent pudiquement que « [les homosexuels] peuvent tomber amoureux [d’un individu du même sexe] et avoir des relations sexuelles avec [lui] », mais ils demeurent souvent dans le domaine psychologique de l’acceptation de soi.
L’auteur, sexologue, parle des parties du corps, des pratiques sexuelles et de détails techniques. Dans un sous-chapitre intitulé « Quelles sont les pratiques sexuelles ? », l’auteur donne des réponses plus exhaustives que dans les autres ouvrages. Les pratiques sexuelles sont classées dans deux catégories, « les pratiques courantes (mais jamais obligatoires !) » et « les conduites sexuelles marginales » . Elle mentionne dans la première catégorie des pratiques qui sont habituellement considérées comme inadaptées à la maturité psychoaffective des adolescents dans les autres documentaires. Ainsi, elle énumère et décrit « la fellation », « le cunnilingus », « la position 69 », « différentes positions de l’amour » et « la sodomie », en émettant toutefois quelques réserves et en précisant que

ce n’est pas franchement évident ! Les couples qui pratiquent la sodomie sont souvent ceux qui ont une certaine expérience sexuelle, qui se connaissent bien, et qui en ont envie tous les deux.

La « sexualité de groupe » aussi est abordée bien qu’elle ne soit classée ni dans les « pratiques courantes », ni dans les « conduites sexuelles marginales ». Elle est traitée avec beaucoup de réserves de la part de l’auteur qui insiste sur des notions de prévention à destination des filles. Ainsi, le terme de « partenaire » habituellement rencontré dans ces documentaires est remplacé par le terme de « copain », témoignant du statut de victime très souvent attribué aux filles :

Alors, même si votre copain vous le propose, surtout, n’ayez pas peur de dire non, peur de le décevoir. Vous n’êtes pas une esclave, vous avez le droit, et même le devoir de dire non si ça ne vous plaît pas.

Catherine Solano aborde également les conduites sexuelles marginales et les regroupe sous le terme de « perversions » :

On est pervers quand on n’arrive au plaisir sexuel que d’une seule manière très stéréotypée et qu’on est prisonnier de ce scénario.

Elle énumère ensuite plusieurs perversions : le fétichisme, le voyeurisme, l’exhibitionnisme, le sadisme et le masochisme, la zoophilie, le travestisme, la pédophilie…

En conclusion, Sexo Ados se rapproche d’un ouvrage pour adultes. Le fait que l’auteur soit sexologue participe certainement à la vision sans tabous qu’elle a de la sexualité. Sachant que l’adolescent est à mi-chemin entre l’enfance et l’âge adulte, il est en effet difficile de cerner ce qui est adapté à un lectorat adolescent et ce qui ne l’est pas. Sexo Ados contraste donc dans la production documentaire où les auteurs et les éditeurs préfèrent loucher du côté des ouvrages pour enfants.

Sexo Ados, le problème se situe dans l’écart entre les registres abordés. Le lecteur trouve dans un même ouvrage des conseils pour faire attention à son hygiène personnelle (« cela consiste à se laver les mains, le visage, se doucher, se peigner, se faire les ongles, nettoyer sa chambre ») et, quelques pages plus loin, des explications sur les orgies, « appelées vulgairement “partouzes”, (…) », ces « relations sexuelles mett[ent] en scène plus de deux partenaires. Le nombre de participants à ces “manifestations sexuelles” peut être très grand ». Dans ces deux documentaires, les auteurs incluent des pratiques extrêmes qui sont éloignées des débuts de la découverte de la sexualité. Difficile alors pour l’adolescent qui consulte ces ouvrages de déterminer une progression dans sa découverte, alors que tout lui est présenté sur le même plan. Peut-être serait-il nécessaire de trouver un juste milieu : limiter les sempiternelles données biologiques et laisser de côté les pratiques extrêmes. Le lecteur pourrait aborder plus sereinement la sexualité, en évitant d’assimiler le rapport sexuel à la procréation ou à une course au « toujours plus loin ».

Au final, les ouvrages transmettent encore souvent une vision des filles et des garçons vivant sur deux planètes différentes. Quelques-uns se démarquent pourtant en apportant des nuances, comme Sexo Ados :

Une fille et un garçon ne se ressemblent pas, et cette différence ne s’arrête pas au physique :
elle est aussi dans leur tête. Évidemment, toutes les filles ne sont pas faites sur le même modèle, et tous les garçons non plus. C’est pourquoi les généralités sont toujours fausses pour un individu donné. Alors, en lisant ce chapitre, vous pouvez en prendre et en laisser.

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